• L’ex-guérillero José Mujica, candidat de la coalition de gauche au pouvoir, a remporté dimanche, avec 49 % des voix, le premier tour de l’élection présidentielle en Uruguay, mais devra faire face à un ballottage serré contre l’ancien chef de l’État libéral, Luis Alberto Lacalle. Le second tour aura lieu le 29 novembre. Les Uruguayens ont par ailleurs rejeté les deux réformes constitutionnelles soutenues par la gauche qui leur étaient proposées par référendum. La première défendait l’annulation de la loi de « caducité », qui a empêché toute poursuite contre les policiers et militaires coupables de violation des droits de l’homme durant la dictature. La seconde réforme visait à autoriser le vote par correspondance des Uruguayens de l’étranger.

    La première fois que José Mujica est arrivé au Palais législatif avec son jean délavé, son nez empâté et sa vieille moto, un gardien lui a signalé que les places de parking étaient réservées aux législateurs. « Mais mon ami, je suis député », lui a répondu Mujica, qui venait d’être élu. C’était en 1999.

    Dimanche, cet ancien guérillero de 74 ans surnommé affectueusement « Pepe », candidat de la coalition de centre gauche du Front élargi, est arrivé en tête du premier tour des élections pour succéder à Tabaré Vazquez, premier président de gauche de ce pays de 3,5 millions d’habitants. José Mujica est un des fondateurs de la guérilla urbaine Mouvement de libération nationale-Tupamaros (MLN-T) responsable d’enlèvements, de sabotages et d’attentats pendant la dictature (1973-1985). Il a reçu plusieurs balles et a passé treize années en prison, où il a subi tortures et mauvais traitements.

    Libéré en 1985, il assure aujourd’hui être un démocrate convaincu et il est devenu, malgré son franc-parler, un fin négociateur qui a su placer l’unité du Front élargi au-dessus de tout autre objectif, jouant un rôle fondamental dans son arrivée historique au pouvoir en 2005.

    « Pepe », ministre de l’agriculture de 2005 à 2008, est adoré par les classes les plus défavorisées, qui apprécient son langage direct, mais moins par « l’establishment ». Pourtant, il a promis de suivre la ligne tracée par Tabaré Vazquez : économie ouverte aux investissements, politique fiscale rigoureuse, plans d’aide sociaux… « Mon modèle pour l’Uruguay, c’est (le président brésilien) Lula, et je suis ami (du président vénézuélien) Chavez, a reconnu Mujica. Comme Chavez est assis sur un baril de pétrole, il peut se permettre des libertés pas possibles. Moi je ne vais pas exproprier. »

    Il a aussi promis de ne pas opposer son veto si le Parlement légalise l’avortement, comme l’a fait l’an dernier Tabaré Vazquez. Si Mujica est élu, l’Uruguay, pays laïque depuis 1919, pourrait donc devenir le deuxième pays d’Amérique latine, après Cuba, à légaliser l’IVG. Après avoir été le premier, il y a deux mois, à autoriser l’adoption d’enfants par les couples homosexuels.


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