• Diplomatie - Avion de Morales : Washington et l'UE dans le collimateur de l'Amérique latine

    Les alliés traditionnels de la Bolivie en Amérique du Sud voient rouge. Ils réclament des excuses à l'Union européenne pour avoir temporairement fermé son espace aérien à l'avion d'Evo Morales, soupçonné de transporter le consultant américain Edward Snowden, recherché pour espionnage.

    L'avion de M. Morales, soupçonné de transporter l'américain Edward Snowden - accusé par son gouvernement d'avoir révélé le programme d'espionnage (Prism) - a dû faire une escale forcée de 13 heures en Autriche, après que plusieurs pays européens lui ont refusé le survol de leur espace aérien.

    Au lendemain de son retour de Russie, les membres de l'Union des nations sud-américaines (Unasur, qui regroupe 12 pays), ont tenu à exprimer leur soutien au président bolivien.

    Dans une déclaration commune, les présidents Rafael Correa (Équateur), Nicolas Maduro (Venezuela), Jose Mujica (Uruguay), Desi Bouterse (Surinam) et Cristina Kirchner (Argentine) -, réunis à Cochabamba (centre), ont exigé « des gouvernements de France, d'Espagne, du Portugal et d'Italie qu'ils présentent des excuses publiques adéquates, en relation avec les graves faits qui se sont produits ».

    Les présidents de l'Unasur - à l'exception des chefs d'État du Brésil, de Colombie, du Pérou et du Chili, non signataires de la déclaration - ont notamment relevé que l'offense subie par Morales en Europe n'est pas seulement un affront personnel mais constitue « une agression pour toute l'Amérique Latine.»

    Ils ont exigé que les gouvernements de ces quatre pays européens expliquent les raisons de leur décision d'empêcher le survol de leur espace aérien par l'avion présidentiel bolivien, appuyant au passage la plainte de la Bolivie auprès du Haut-commissariat des Nations unies aux droits de l'homme pour grave violation et mise en danger de la vie du président Morales.

    Menaces diplomatiques

    Le président vénézuélien Nicolas Maduro a affirmé pour sa part, que l'Europe « a brisé toutes les règles du jeu de la coexistence, car elle a attaqué l'immunité internationale qui protège un chef d'État.»

    M. Maduro a assuré que « la CIA avait ordonné la fermeture de l'espace aérien européen à l'avion du président Morales.» Une information qui lui aurait été confirmée par un ministre d'un de ces gouvernements européens, dont il n'a pas révélé l'identité.

    Pour sa part, le président Morales a insisté sur le fait qu'il ne contentera pas d'excuses. Il a également fait savoir qu'il envisageait la fermeture, si nécessaire, de l'ambassade des États-Unis à La Paz, dénonçant la pression exercée, selon lui, par Washington sur les quatre pays européens qui ont interdit temporairement le survol de leur territoire à son avion.

    « Nous allons étudier, si cela s'avérait nécessaire, la fermeture de l'ambassade des États-Unis en Bolivie. Nous n'avons pas besoin d'une ambassade des États-Unis », a-t-il affirmé.

    « Ma main ne tremblerait pas pour fermer l'ambassade des États-Unis, nous avons notre dignité, notre souveraineté, sans les États-Unis nous nous sentons mieux politiquement, démocratiquement », a-t-il ajouté.

    Les tensions entre Washington et La Paz ne datent pas d'hier. Le président Morales a déjà expulsé l'ambassadeur des États-Unis en Bolivie en 2008, puis la principale agence antidrogue américaine (DEA) début 2009, au motif qu'ils s'immisçaient dans la vie politique bolivienne.

    Dans la rue, la colère contre les États-Unis et les pays européens ne désarme pas en Bolivie. Le consulat américain à Santa Cruz (Est) a été la cible de jets de peinture rouge par des inconnus qui ont également inscrit sur ses murs des graffitis anti-américains. La veille, l'ambassade de France à La Paz a été visée par des jets de pierre.


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