• URUGUAY; José Mujica : “Le héros méconnu de l’Amérique latine”

    URUGUAY; José Mujica : “Le héros méconnu de l’Amérique latine”

    Ancien guérillero, sorti de quinze ans de détention presque fou, José “Pepe” Mujica est atypique : à 77 ans, il vit dans une ferme… et fait un tabac sur les réseaux sociaux. Il défend de grandes idées pour son tout petit pays.

    Le personnage de Pepe Mujica figurerait aussi bien dans une histoire de gauchos [gardiens de troupeaux de la pampa argentine] que dans un roman sur la lutte armée. Militant des Tupamaros, la principale guérilla urbaine du pays, il fut atteint de six balles et emprisonné pendant quinze ans, dont onze à l’isolement total, où il alla jusqu’à boire sa propre urine pour ne pas mourir de soif. A 59 ans, il participe à sa première élection, qu’il gagne comme toutes les suivantes : du Sénat jusqu’à la présidence, il y a deux ans et demi.

    Les jeunes du continent ont découvert Mujica en juin dernier, lorsqu’il a annoncé que l’Uruguay pourrait légaliser le commerce de la marijuana. L’autre image qui circule sur les réseaux sociaux est celle d’un homme politique plutôt sympa, décrit dans un reportage du quotidien espagnol El Mundo comme “le président le plus pauvre du monde”. Un article de la revue britannique Monocle prétend qu’il est “le meilleur président du monde” et “le héros méconnu de l’Amérique latine”. Mujica habite dans une ferme du nom de La Puebla, aux environs de Montevideo, avec une seule chambre et une toiture en zinc. Il reverse 90 % de son indemnité présidentielle d’un montant de 260 259 pesos [10 200 euros]. Son seul bien est une Coccinelle bleue de 1987. Sur le site de la présidence, sa profession officielle est celle d’exploitant agricole. L’Uruguay est le deuxième pays le plus petit d’Amérique du Sud, le moins corrompu (selon l’ONG Transparency International) et le plus sûr. Malgré tout, la criminalité progresse et constitue la principale préoccupation des Uruguayens. Cette année, 211 assassinats ont été commis. Ces chiffres peuvent paraître risibles, car chaque jour il y a pratiquement le même nombre de personnes tuées au Brésil ; mais c’est beaucoup plus que les 183 comptabilisés en 2011. La violence conjugale est également un motif d’inquiétude : 9 325 cas ont été relevés en 2011, et ce nombre se monte déjà à 12 004 pour l’année en cours. Mujica a tenté de nous donner une explication en évoquant la perte des valeurs familiales, tout en précisant qu’un psychiatre serait plus compétent pour analyser le sujet. “Etre président ne signifie pas que l’on a la science infuse.”

    S’excuser de sa franchise

    Pepe Mujica ne compte pas ses mots, parle cru, fait des fautes de grammaire ou encore utilise des expressions que les jeunes générations ne comprennent pas. Il est courant qu’il fasse appel à des métaphores paysannes pour expliquer sa façon de gouverner. Un jour, il a tout de même dû s’excuser de sa franchise. Dans un recueil d’entretiens intitulé Pepe. Colóquios [Pepe. Conversations], lancé en pleine campagne présidentielle, il affirmait que les Kirchner [Néstor et Cristina Kirchner, tour à tour présidents de l’Argentine] étaient des “péronistes délinquants”, que l’ancien président Carlos Menem était “un mafieux et un voleur” et les Argentins “des hystériques, des fous et des paranoïaques”. Historiquement, l’Uruguay a toujours eu la sensation d’être pris en étau entre deux géants : le Brésil et l’Argentine. D’un siècle à l’autre, le pays est passé du statut de région objet de dispute frontalière entre les empires portugais et espagnol à celui d’Etat-tampon. “C’est un morceau de coton entre deux cristaux”, notait dans la première moitié du XIXe siècle John Ponsonby, un ministre britannique envoyé en mission diplomatique dans l’estuaire du Río de la Plata. Le pays a une population réduite (plus de 3 millions d’habitants depuis dix ans) et âgée : les plus de 60 ans représentent 19 % de la population (11 % au Brésil). A cela s’ajoute la forte émigration des jeunes en quête de travail à l’extérieur.

    Les vieilles chaussures

    Par ailleurs, le personnel politique de l’Uruguay se renouvelle peu. Les principales figures de l’opposition sont d’anciens présidents ou des héritiers de familles qui se relayaient au pouvoir avant l’arrivée à la présidence du Frente Amplio, en 2005. Jusqu’en 1971, le pays connaissait le bipartisme : il y avait le parti Colorado et le parti Blanco (Partido Nacional), tous deux composés de groupes d’orientation centriste et de droite. Les colorados sont historiquement liés à l’élite commerciale urbaine, et les blancos aux grands propriétaires terriens. Fondés en 1836, ces deux partis figurent parmi les mouvements politiques les plus anciens de la planète. Le Frente Amplio est donc apparu en 1971. Il représente tout l’éventail de la gauche, des communistes aux sociaux-démocrates. Tabaré Vázquez, le prédécesseur de Mujica, est devenu en 2005 le premier président issu du Frente Amplio. Cancérologue, il a continué pendant sa présidence à recevoir ses patients le mardi et il est aujourd’hui plus populaire que Mujica. En Uruguay, où le mandat dure cinq ans sans possibilité de réélection immédiate, Tabaré Vázquez est le favori pour la présidentielle de 2014.

    L’ancien président Luis Lacalle [dirigeant du Parti national Blanco] est un homme hyperactif, à l’apparence aristocratique. Il me reçoit dans son bureau au Sénat et se montre d’emblée critique envers Mujica. Il affirme que le président manque d’autorité, est incapable de tenir ses promesses bien qu’il ait la majorité au Parlement et il lui reproche ses décisions clientélistes. “Il y a 100 000 personnes qui gagnent un salaire sans travailler. On leur donne de l’argent sans aucune contrepartie et peu importe si les enfants vont à l’école ou non.” En réalité, ce programme social exige que les familles maintiennent leurs enfants à l’école : 412 000 enfants et adolescents bénéficient ainsi de l’Asignación Familiar, l’équivalent de la Bolsa Familia au Brésil, créée sous la présidence de Tabaré Vázquez. Pour Lacalle, l’ancien président “est une personne plus sérieuse, une sorte de social-démocrate français. Mujica est un homme plus radical. Il a inventé Pepe, un personnage folklorique plus important que sa personne.” “Il dépasse les bornes quand, par exemple, il se rend à un sommet politique avec de vieilles chaussures”, ajoute-t-il. Quelques semaines auparavant, en effet, le président s’était rendu au Brésil pour rencontrer Hugo Chávez, Cristina Kirchner et Dilma Rousseff. Ce sommet officialisait l’entrée du Venezuela dans le Mercosur. Le lendemain, le quotidien brésilien O Globo publiait à la une un cliché de la rencontre, soulignant en légende un moment de décontraction des trois chefs d’Etat [soi-disant] étonnés par l’état des chaussures de José Mujica. Avant de partir, il avait dit à sa femme, la sénatrice Lucía Topolansky : “Je vais devoir bien me comporter aujourd’hui avec ces deux dames [Mmes Kirchner et Rousseff].”

    Lucía, son grand amour

    Mais il s’est tout de même contenté de prendre des bottines marron en cuir usées. Dans l’avion, il avait indiqué à ses assesseurs : “Ce ne sont pas les meilleures chaussures pour un sommet, mais je suis à l’aise dedans.” Ceux qui étaient avec lui au palais présidentiel de Brasília n’ont pas entendu de commentaires à ce sujet, mais, au moment de la photo officielle, il y avait un papier au sol spécifiant à quel endroit devait se mettre chacun des chefs d’Etat. Et tous regardaient par terre, d’où la photo d’O Globo. Dilma, Cristina et Chávez n’ont peut-être rien vu, mais l’opposition uruguayenne s’en est aperçue et n’a pas aimé. A une autre époque, Mujica se préoccupait encore moins de son apparence. Lorsqu’il était député et sénateur, il se rendait au Congrès avec des bottes en caoutchouc tachées de terre. Mujica travaillait dans ses champs au petit matin et partait ensuite les ongles sales, en Vespa ou au volant de sa Coccinelle. Son style négligé, indifférent au protocole, a peu à peu attiré l’attention des journalistes et rendu furieuse l’opposition, tandis que Mujica gagnait en importance. Lors de la campagne pour l’élection présidentielle, son rival, Luis Lacalle, a qualifié sa maison de “taudis”. ­“Je l’ai invité à prendre un café, mais il a refusé”, souligne, amusée, Lucía Topolansky. Elle vit avec Mujica depuis 1985, mais ils ne se sont mariés qu’en 2005, discrètement, chez eux. Lucía a 68 ans et semble être en parfait accord avec son mari : pas seulement politiquement, mais aussi parce qu’elle a les mêmes cheveux blancs et courts, des vêtements simples, pas de boucles d’oreilles ni d’ongles vernis. Elle nous reçoit dans son bureau du Sénat, les murs sont décorés de photos de Mujica, du Che et de Carlos Gardel.

    Jamais de cravate

    Le roman politique de ces deux-là débute par le militantisme au sein du Mouvement de libération nationale–Tupamaros (MLN-T), quand ils voulaient en finir avec le capitalisme, et il a atteint son apogée lorsqu’elle l’a fait prêter serment comme président, en tant que la sénatrice la mieux élue en 2009. Lucía et Mujica ont eu d’autres conjoints durant leur période de clandestinité ; le sien a été tué. Mujica, lui, connaissait déjà la sœur jumelle de Lucía, mais il ne rencontra celle-ci pour la première fois que trois mois avant son emprisonnement. C’était en 1971. Tous deux s’évadèrent de prison – lui lors d’une évasion entrée au Livre des records de par le nombre d’évadés (111), elle en empruntant les égouts avec 37 autres femmes –, mais ils furent repris peu après. C’est seulement en 1985, avec la loi d’amnistie, qu’ils se sont retrouvés. Ils ont vécu un temps chez la mère de Mujica, à quelques minutes de la ferme qu’ils ont achetée par la suite.

    Les voisins racontent que pendant longtemps la maison était en adobe avec un toit de paille. La ferme est située dans le quartier Paso de la Arena, à la sortie ouest de Montevideo, où prospèrent la petite industrie, l’agriculture et l’élevage de poulets. Ironiquement, la maison de Mujica est située sur le chemin Colorado, derrière des arbres imposants qui la cachent aux regards extérieurs. Deux policiers, pas plus, la surveillaient le matin de notre venue, en août dernier. Mujica a refusé de s’installer dans la résidence officielle de la présidence, le palais Suárez y Reyes à Montevideo. Mais la ferme et lui ont dû quelque peu changer. Le président se rase désormais et il est obligé de porter un blazer, mais jamais de cravate ! Dans sa maison, des caméras de surveillance ont été installées. Mais Lucía et Mujica ne vivent pas seuls. Trois autres familles sont installées sur le domaine, géré sous forme de coopérative. Deux d’entre elles sont de vieilles connaissances politiques et la troisième a connu un temps des difficultés financières. Le testament du couple stipule que ces familles pourront continuer à vivre là après leur mort tant que cela leur sera nécessaire, puis le terrain sera destiné à une école agricole qu’ils sont en train de monter. Lucía et Mujica vivent chez eux uniquement avec leur chienne Manuela, handicapée d’une patte après avoir été écrasée par Mujica au volant d’un tracteur. “Il y a eu des compagnons qui ont eu des enfants. Moi, j’ai toujours fait le choix de la liberté et je n’en ai pas eu à cette époque, confesse la sénatrice. Mais il y a toujours des enfants dans la maison.”

    Negro Nievas, un infirmier et tourneur mécanique à la retraite âgé de 73 ans, est l’un des voisins de Mujica. Il nous montre des photos d’un barbecue en famille faites un week-end avec le couple présidentiel. Nievas possède une Ford Falcon bleue de 1975. Ils se sont connus lorsqu’il avait 7 ans. Ils étaient voisins et fréquentaient la même école. Quand je l’interroge sur leur enfance, il raconte que la mère de Mujica avait une boutique, près de l’école, où elle vendait du matériel scolaire et des fleurs. Il se met à pleurer. A plusieurs reprises, il est ému lorsqu’il parle de son ami.

    Le président est obnubilé par les gens qui se retrouvent sans toit. Il a vendu des bâtiments publics, dont une résidence officielle à Punta del Este [célèbre station balnéaire du sud-est du pays], pour construire des logements sociaux et il a même proposé d’ouvrir le palais présidentiel aux sans-abri si les places venaient à manquer l’hiver dans les centres d’hébergement. De surcroît, il reverse la majorité de son indemnité présidentielle pour alimenter le plan logement du gouvernement dénommé “Ensemble”. Sympathisant du Parti national et commentateur politique de la radio El Espectador, Graziano Pascale a été, en 2007, le premier journaliste à affirmer que Pepe Mujica pourrait être le candidat du Frente Amplio. “Mujica, c’est ce vieil oncle un peu fou que l’on a tous dans nos familles. L’élire président a été une folie collective. Son personnage public ne s’accorde pas avec la vie normale de l’Uruguayen.”

    José Alberto Mujica Cordano est le premier enfant né du mariage de Demetrio Mujica et Lucy Cordano. Son père est mort jeune et sa dernière sœur est née avec des moyens intellectuels limités. C’est lui qui a toujours aidé sa mère, en plantant par exemple des Callas [l’arum des fleuristes] à Rincón del Cerro, où se trouve aujourd’hui sa ferme. Lucy bénéficiait également de l’aide financière de son père, un immigré italien qui possédait une propriété de cinq hectares. Au lycée, José Alberto s’oriente vers le droit avant de s’engager politiquement à gauche. Dans une biographie écrite par un journaliste, il décrit ces années-là : “J’étais à moitié anarchiste. Le militantisme étudiant m’a en quelque sorte politisé. Je suis toujours anarchiste, pas mal libertaire, c’est incontestable.” Le MLN-T apparaît en 1965. Lorsqu’il rejoint le groupe, Mujica est lié à l’Union populaire, une organisation de gauche créée par des dissidents du parti Blanco. Lorsqu’on a demandé à Mujica s’il avait déjà tué quelqu’un, il a répondu qu’il visait mal. Quand le coup d’Etat se produit, la guérilla est déjà désarticulée et ses principaux leaders, dont Mujica, sont emprisonnés comme “otages” du gouvernement afin d’être exécutés en cas de nouvelles attaques du MLN-T. “Nous avons été le produit social d’une époque”, souligne Lucía Topolansky.

    Anahit Aharonian, une militante uruguayenne emprisonnée avec Lucía, a toujours l’âme tupamara. “Etre tupamaro, cela signifie que l’on continue à lutter pour la justice sociale. Le changement, ce n’est pas de donner quelques pièces aux gens. Je ne veux pas d’un bon capitalisme, il est impossible de l’humaniser.” Elle est agronome et nous reçoit chez elle, loin du centre de Montevideo. Elle fait partie des gens déçus par la présidence de Mujica. Elle regrette également que sa femme refuse de parler du passé. “Avec Lucía, on n’a jamais travaillé sur la mémoire. Elle disait toujours : ne me prenez pas la tête avec ça.” Le président a même défendu la simple détention à domicile, du fait de leur grand âge, pour les quelques militaires emprisonnés en raison des crimes commis pendant la dictature. La sénatrice Constanza Moreira affirme qu’il a fallu convaincre Mujica de se porter candidat.

    Il pensait qu’il était trop vieux pour cela. Pendant la campagne, Lucía était à la fois secrétaire et attachée de presse. Il disait aux journalistes que, s’il n’était pas élu, il ne serait plus sénateur et se consacrerait à la culture des blettes. Mujica a fait campagne en promettant un gouvernement plus proche de celui de Lula, son ami et son modèle politique, que de celui de Chávez. Mais il maintient de bonnes relations avec son homologue vénézuélien. Comme les partis sont plus importants que les personnalités en Uruguay, Tabaré Vázquez est à nouveau un choix logique pour le Frente Amplio en vue de l’élection présidentielle de 2014, car il est le candidat le plus consensuel pour la coalition au pouvoir. Daniele Astori, le vice-président actuel [battu aux primaires par Mujica en 2009, ministre de l’Economie de Vázquez], pourrait être une alternative. Il est en partie responsable de la politique économique à succès du pays. Les salaires ont progressé de 36,6 % en sept ans, grâce notamment à une croissance économique moyenne de 6,4 %. Le taux de chômage, 5,3 %, est au plus bas ; 13,7 % des Uruguayens vivent sous le seuil de pauvreté, soit une baisse de cinq points en un an. L’analphabétisme a quasiment disparu en Uruguay et tous les enfants sont scolarisés. Aucun des pays du Mercosur n’a des indicateurs sociaux aussi bons. Les enquêtes d’opinion les plus récentes montrent que 39 % des Uruguayens approuvent le gouvernement du Frente Amplio et que 49 % apprécient Mujica. Au début de son mandat, il avait 20 % de plus d’opinions favorables. Les bisbilles avec l’Argentine, la violence, l’impression que le président parle plus qu’il ne fait et la faillite de Pluna, l’unique compagnie aérienne uruguayenne, explique en partie cette chute dans les sondages.

    Mujica aime philosopher et c’est un passionné d’anthropologie et de botanique. Il a pour habitude de parler à la nation de la nature humaine et de “la fragilité de notre écorce civilisatrice”. “Les gens doivent avoir à l’esprit qu’être vivant est un miracle. Nous sommes venus du silence minéral et nous retournerons dans le silence minéral”, a-t-il affirmé récemment. Mujica explique qu’il a choisi d’être pauvre pour être riche et il évoque toujours comme une prison le fait de payer à crédit des biens matériels. Lors de la récente conférence du groupe Rio + 20 [en juin 2012], il a également expliqué que “les vieux penseurs – Epicure, Sénèque et même les Aymaras – définissaient le pauvre non pas comme celui qui a peu, mais comme celui qui a une infinité de besoins et désire toujours plus que ce qu’il a”.

    Psychose délirante

    Parmi les neuf anciens dirigeants tupamaros qui étaient considérés comme “otages” pendant la dictature, on prétend que deux sont sortis de prison affaiblis mentalement : Henry Engler et Pepe Mujica. Engler, à qui on diagnostiqua une psychose délirante, présenta en 2002 à Stockholm, lors de la conférence mondiale sur Alzheimer, le travail le plus important sur cette maladie depuis sa découverte. Aujourd’hui âgé de 65 ans et directeur du Centre uruguayen d’imagerie moléculaire à Montevideo, Engler nous a confié pour quelle raison Mujica et lui étaient arrivés aussi loin, après être presque devenus fous. “Dans la lutte pour se surpasser soi-même, on laisse de côté les pensées de haine et de rancœur, et la solidarité se transforme en une forme de satisfaction permanente. On peut également survivre à travers la haine, mais on ne trouve pas le bonheur de cette façon-là. Aujourd’hui, nous sommes fous, mais fous de nombreux rêves.”

    Fin décembre 2011, Mujica a visité un hôpital psychiatrique. Il a évoqué l’époque de sa folie avec les médecins et les patients. Et il leur a expliqué que, dans son cachot, il entendait des bruits et était devenu fou. Il était suivi par une psychiatre, on lui donnait de nombreux médicaments, qu’il jetait ensuite. “Mais cette femme m’a beaucoup aidé en obtenant que je puisse lire et écrire. Cela faisait des années que je n’avais rien lu ni écrit”, déclara-t-il. Mujica précisa ensuite qu’il avait demandé des ouvrages de chimie afin de les copier et de pouvoir organiser sa pensée. De sorte qu’il récupéra la raison et put, à sa sortie de prison, retourner à la politique et accéder à la présidence. “Et me voilà ici, encore plus fou qu’avant.”


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